Les Forçats de la route - Albert Londres

En 1924, Albert Londres, journaliste pour le Petit Parisien, est envoyé sur les routes suivre le Tour de France. Il fera un compte rendu de chaque étape publié dans le Petit Parisien durant tout le mois de juillet 1924. Reportage aujourd'hui édité dans le petit livre "Les Forçats de la Route", texte mythique et fondateur du journalisme sportif.

"On s'habitue à tout. Il suffit de suivre le Tour de France pour que la folie vous semble un état de nature."

Albert Londres y dénonce l'absurdité du règlement de la Grande Boucle et l'absence de mesure prise face à la souffrance des coureurs. Avec une plume acérée, mais non dénuée d'humour, le journaliste dresse un portrait de chaque étape et de l'état des coureurs. La scène où les frères Pélissier abandonnent le Tour à la table d'un bistrot est entrée dans la légende. 

"– Tu sais où ils sont ?...
– Au café de la Gare. Tout le monde y est.
Tout le monde y était ! Il faut jouer des coudes pour entrer chez le « bistro ». Cette foule est silencieuse. Elle ne dit rien, mais regarde, bouche béante, vers le fond de la salle. Trois maillots sont installés devant trois bols de chocolat. C’est Henri, Francis, et le troisième n’est autre que le second, je veux dire Ville, arrivé second au Havre et à Cherbourg.

– Un coup de tête ?
– Non, dit Henri. Seulement, on n’est pas des chiens... 

– Que s’est-il passé ?
– Question de bottes ou plutôt question de maillots ! Ce matin, à Cherbourg, un commissaire s’approche de moi et, sans rien me dire, relève mon maillot. Il s’assurait que je n’avais pas deux maillots. Que diriez-vous, si je soulevais votre veste pour voir si vous avez bien une chemise blanche ? 
Je n’aime pas ces manières, voilà tout." 


Ce Tour de France fait partie des plus difficiles de l'histoire de la Grande Boucle. Avec 15 étapes pour un total de 5425km (3540 pour celui de 2017) et des étapes de 300km minimum, ce fut l'enfer sur la route pour les 157 participants, qui n'arrivèrent qu'à 60 à Paris. Albert Londres était aux premières loges pour nous livrer un reportage qui, près de 100ans plus tard, n'a pas pris une ride.


S.P

Partager sur Google Plus

A propos de lirelesport

    Commentaire Blogger
    Commentaire Facebook

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire